[Musique de fond sonore commence.]
[Plans successifs d’un phoque sur un rocher dans l’eau, d’une devanture « La mer à boire », d’un bâtiment, de Yannick Ouellet qui parle à une assemblée.]
Yannick Ouellet : Yannick Ouellet, chef consultant conseiller en développement économique pour la filière bioalimentaire de la MRC de la Haute-Gaspésie.
[Plan sur Yannick qui parle face caméra, dans une cuisine.]
Moi, je viens d’une famille d’agriculteurs. Et puis j’ai toujours été avec la matière première. Je fais toujours la blague que mon père était mineur, puis ma mère était jardinière. Moi, je suis placé entre les deux.
[Plan sur Yannick qui parle à une assemblée.]
J’ai commencé, j’avais 15 ans. Mon réel travail des cinq dernières années, c’était d’être derrière les chefs.
[Plan sur des mains qui coupe de la viande crue puis retour sur Yannick qui parle à l’assemblée.]
Donc moi, mon travail à moi, dans mon entreprise, ce que je faisais, c’est que j’arrivais pour des établissements qui avaient des cuisiniers qui n’étaient pas des chefs mais qui jouaient le rôle de chef.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Puis moi, dans l’ombre derrière eux, je faisais le rôle d’exécutif et je les amenais à devenir des chefs, des gestionnaires, puis ultimement des exécutifs. Puis, je disparaissais. Donc dans les cinq dernières années, je dirigeais à peu près annuellement une douzaine d’établissements en même temps.
[Plan sur Yannick vu de dos qui parle à des gens puis sur des hommes qui coupent de la viande crue et cuite.]
Une cuisine, c’est comme une ruche, c’est pareil. Puis c’est ça que j’aime. Moi, c’est… Trop longtemps dans l’industrie, on a parlé du chef. C’est toujours le chef qui faisait l’établissement.
[Plan sur des mains qui mettent de la viande dans une poêle chaude.]
Puis moi, j’ai jamais été comme ça. J’ai toujours été en équipe. Oui, je ressortais à l’avant mais c’est pas ça que je recherchais, mais moi, je travaille plus dans… C’est la ruche qui m’intéresse.
[Musique s’arrête, retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Parce que c’est ça au final que tout le monde va grandir. Je pense qu’avec le temps, c’est ça que je suis devenu moi. Je suis devenu comme une reine. J’induis l’information puis tout le monde travaille pour le bien commun. Puis c’est le miel, c’est le final.
[Musique reprend, plan sur de la viande qui cuit, un homme en tablier goûte et apprécie.]
Moi, le chemin m’intéresse pas. C’est le résultat qui est important.
[Plan sur Yannick qui cuisine devant des gens.]
Dans les années 2000, j’étais chef, 90… ouais, 99-2000, j’étais chef à mon manage à trois à Québec, un restaurant qui n’existe plus.
Et puis mon travail là-bas, j’y été allé pour la seule raison que la propriétaire était gaspésienne, puis elle voulait changer.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
C’était un truck belge qui vendait des moules frites. Elle voulait changer un peu la formule. Elle voulait amener des produits gaspésiens, les Îles, la Gaspésie. Puis j’ai dit « oui, ça, ça me tente ». Donc on a créé une ambassade là-bas en me disant ça va prendre beaucoup de temps avant de faire mon nom là-bas, ça a pris six mois. Puis pas grâce à Yannick, c’est juste le momentum de genre, dire aux gaspésiens il y a une place pour vous autres à Québec. Si ça vous tente, ça s’est « fullé ».
[Plan sur une salle pleine, un homme passe avec un plat et fait goûter de la viande.]
Et puis une des premières choses que j’ai fait, c’est que j’ai appelé Réjean Vigneau puisqu’on s’était rencontré, j’ai appelé Réjean, « Du saucisson de phoque, c’est-tu possible d’en avoir ? ». Il me dit « oui ».
[Plan sur le plateau rempli de bouts de viande et des mains qui se servent.]
Donc je servais le saucisson de phoque avec la choucroute tapp qui se faisait à base d’algues. C’était mon plus gros vendeur.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Même si les chefs locaux là connus, ils me disaient « ça a pas de bon sens Yannick, ça ne marchera pas ton affaire ». Ça fonctionnait très, très, très bien. Puis Réjean m’expliquait quelques années après que j’avais été un des premiers à faire sortir le phoque des Îles. Mais je le savais pas.
[Plan sur Yannick qui parle à une assemblée et deux hommes qui cuisinent en arrière-plan.]
Pour moi, c’est naturel. J’ai jamais pris le flambeau de dire « moi, je dois défendre des produits gaspésiens ». Ça s’est passé comme ça. Fait que d’un effet à l’autre, les gens m’ont toujours reconnu pour ça. Puis j’ai jamais recherché à faire l’extravagance.
[Plan sur des mains qui coupent une viande cuite en morceaux.]
Moi, c’était le produit. Le phoque, il s’est présenté dans ma carrière comme un produit comme les autres. Réjean a commencé à faire ça. Puis j’ai dis « ah c’est intéressant », puis j’achetais plein de produits des Îles aussi dans cette période-là.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Donc il s’est présenté, mais le saucisson m’a apporté à plein de choses. C’est pour ça que quand il y a cinq ans, Sandra me dit « Yannick, j’ai pensé, à faire quelque chose avec Réjean, embarquerais-tu? ». C’était naturel d’embarquer avec lui.
[Changement de musique.]
[Plan sur des mains qui secoue un bol de churros puis des personnes qui goûtent un churro.]
C’est comme ça que je me vois. Moi, je fais juste rajouter une brique à l’édifice, puis Jean Soulard est mon modèle là-dedans.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
C’est… Je l’ai pas cherché, mais à moment donné, je l’ai vu aller. J’ai fait, c’est ça que je veux faire. Un gars simple, ce gars-là, il pourrait snober l’humanité avec toute la carrière qu’il a.
[Retour sur Yannick qui parle face à une assemblée.]
Ça, c’est mon modèle dans le sens du partage de la connaissance. Moi, je travaille pas à créer le besoin. Moi, je travaille à stimuler la demande.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Comprends-tu ce que je veux dire, la différence? Parce que quand on travaille à créer le besoin, qu’est-ce qu’on fait ? On va chercher des porte-étendards à tel établissement vend le produit. On stimule pas une demande là. On dit « si vous en avez besoin, vous pouvez le trouver là ».
[Plan sur une salle pleine, un homme passe avec un plat et fait goûter de la viande.]
Si tu stimule une demande, que tu fais des posts Facebook, tu donnes des recettes, tu partages ta connaissance, à un moment donné, le monde il va dire « je vais l’essayer ».
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Là, tu stimule une demande et là il va chercher. Il va chercher où il peut s’en trouver. Et là, ça crée d’autres points de vente qui vont dire « Là, ça fait le quatrième qui m’en demande. Je vais en demander ».
[Retour sur l’homme qui passe entre les gens avec un plat.]
Comprends-tu la différence ? Quand tout le monde du bas vont le demander, à un moment donné, on va en trouver dans les épiceries. Parce que dans les faits, il y avait du monde avant nous.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Les autochtones étaient ici, puis ils en consommaient du phoque. Ça veut dire qu’il faut juste que la boucle se boucle. On n’est pas encore rendu là.
[Retour sur Yannick qui parle face à une assemblée puis sur Yannick face caméra.]
Il y a une petite affaire à un moment qui va… Au même titre que ça a balancé il y a 50 ans. Pour une niaiserie, une mauvaise perception, puis au niveau européen, ça s’est emballé, tout ça là. C’est un petit événement qui a fait balancer ça. Je pense qu’on est capable de faire de l’autre côté.
[Retour sur quelqu’un qui se sert dans le plateau de viande.]
Il va arriver un moment donné où est-ce que l’alimentation, je le souhaite pas, mais je crois que c’est ce qui ça vient, qui sera plus abordable pour le petit monde de la Gaspésie.
[Retour sur Yannick qui parle face caméra.]
Quand on va avoir faim, on va chasser le phoque.
[Logo Exploramer.]
[Musique s’arrête.]