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Si proche et pourtant si loin

Depuis la mer jusqu’aux étals des épiceries, les produits marins passent dans les mains de nombreux intervenants.

Mais quelle est leur destination finale? Quelle proportion reste chez nous ou termine sa route ailleurs? Qu’est-ce qui se retrouve dans nos assiettes?

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Pourquoi les produits marins que nous mangeons viennent majoritairement de l’importation et pourquoi exportons-nous les nôtres? Quels sont les avantages à renforcer notre consommation locale?
Voici quelques réponses à ces questions.

Informations

Durée : 2 minutes 55 secondes

Date de réalisation : 2024

Animation réalisée par : Simbioz

Crédit : Exploramer, 2024

Transcription

Vidéo animée qui explique pourquoi le Québec dépend de l’importation et de l’exportation pour ses produits marins et les raisons pour lesquelles il est important de plus développer le marché local.

[Musique commence.]

[Titre « La distribution commerciale des produits marins québécois » s’affiche avec la carte du Québec en arrière-plan.]

[Apparition d’assiettes avec de la viande sur la carte et une assiette de poissons et fruits de mer.]

Voix d’homme : Au Québec, nous sommes d’abord des consommateurs de viande.

[Graphique « Consommation par personne en 2021 » : 40,6 kg de volaille, 44,9 kg de viande rouge, 8,4 kg de produits marins.]

Les poissons et fruits de mer représentent un peu moins notre culture culinaire et ce, pour des raisons notamment historiques, de saisonnalité et logistiques.

[Retour sur la carte du Québec avec des flèches représentant l’importation et l’exportation.]

C’est un fait, la grande majorité des produits marins que nous mangeons vient d’ailleurs alors qu’inversement, ce que nous pêchons et produisons est principalement exporté.

[Données statistiques affichées.]

En 2018, 89% des produits marins consommés au Québec venait de l’importation, alors que 81% des produits pêchés ici étaient exportés. Depuis, la tendance n’a pas beaucoup changé.

[Données 2022, 89 % importés, 84 % exportés.]

Comment ça s’explique?

[Kiosque de poissonnier avec différents produits et des drapeaux de différents pays.]

Commençons par les importations. D’une part, les produits importés nous permettent de répondre à la demande durant toute l’année et de varier l’offre.

[Un homard, un crabe et une crevette apparaissent au-dessus avec des symboles de $.]

D’autre part, ces produits sont souvent plus abordables comparés aux produits marins locaux. Les règlementations moins strictes, le coût d’exploitation moins élevé et la saisonnalité moins présente font en sorte que le prix de vente des produits internationaux est inférieur, même en ajoutant le transport.

[Podium sous-marin avec un homard et un crabe des neiges dessus.]

Pour accentuer davantage cet écart, les espèces québécoises les plus populaires sont le homard et le crabe des neiges, deux produits haut-de-gamme dont le prix est, par conséquent, plus élevé.

[Apparition d’un phoque, d’un poisson rouge, d’algues et d’un poisson à côté du podium.]

Pourtant, il existe bien d’autres poissons et fruits de mer québécois qui pourraient convenir à tous les portefeuilles.

[Vue sur une carte du monde et les années qui défilent depuis 1600. Des flèches partent du Québec.]

Du côté des exportations, notre modèle commercial s’est développé il y a des centaines d’années avec la vente aux marchés internationaux. Ce système bien rôdé est considéré, encore aujourd’hui, comme le plus profitable.

[Zoom sur le Québec avec des flèches qui tournent autour.]

Pourtant, développer le marché intérieur et renforcer son autonomie alimentaire devient une priorité, pour 3 raisons.

[Affichage « Dépendance aux marchés internationaux ». Les flèches qui partaient du Québec sont coupées.]

D’abord, pour ne plus dépendre des marchés internationaux.

[Graphique de la valeur des exportations qui diminuent de 21,2 % lors de la pandémie en 2020.]

Il suffit d’une guerre, d’un embargo ou d’une pandémie, par exemple, pour se retrouver mal pris, avec peu de solutions alternatives pour vendre nos produits.

[Affichage « Fixation des prix ». Retour sur la carte du monde et les devises de différents pays affichées.]

Ensuite, avec un système basé sur l’exportation, c’est le marché international qui fixe le prix pour toute l’industrie. Il en découle parfois une certaine incohérence entre les tarifs adoptés et le coût réel de production.

[Affichage « Soutien à l’économie locale ». Zoom sur le Québec avec des camions qui suivent un chemin.]

Finalement, pour soutenir l’économie locale et ainsi diminuer notre impact environnemental grâce au développement de circuits de distribution courts.

[Des assiettes de fruits de mer avec un drapeau international. Le drapeau change pour celui du Québec.]

L’idée n’est pas de changer complètement notre façon de faire. Il s’agit plutôt de permettre au Québec d’utiliser davantage et en priorité ses propres ressources avant de se tourner vers l’importation et l’exportation.

[Disparition des assiettes, image d’un homard, d’une algue et d’un oursin.]

Nos produits de la mer sont d’une grande qualité et bien appréciés dans le monde.

[Grosse punaise sur le Québec.]

Et si nous en profitions plus ici?

[Une réalisation de « Logo Exploramer », production vidéographique « Logo Simbioz ».]

[Musique s’arrête.]

Un chemin à plusieurs étapes

Chaque acteur de la chaîne économique des produits marins a des impératifs et des objectifs économiques différents.

Les pêcheurs

Les pêcheurs, après de longues journées en mer, veulent écouler leur pêche de la façon la plus simple possible.

Même s’ils doivent endosser le rôle de gestionnaire d’entreprise, leur métier, avant tout, c’est la pêche. De plus, puisque celle-ci est condensée sur une période de l’année et concerne des produits frais, les pêcheurs doivent vendre de gros volumes, rapidement. Ils y arrivent grâce aux usines de transformation, leurs principaux acheteurs.

Sources de revenus des pêcheurs (2022)

Graphique circulaire. Usines de transformation : 90 %, services alimentaires : 10 %.
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En 2022, les produits pêchés étaient majoritairement achetés par les usines de transformation. Seulement 10 % étaient destinés aux restaurants, institutions, hôtels et autres.
Source : MAPAQ, 2022

Les transformateurs

Répartition des livraisons de l’industrie de la transformation des poissons et des fruits de mers (2022)

Graphique circulaire. International : 72 %, Canada : 12 %, Québec : 16 %
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En 2022, les poissons et fruits de mer transformés au Québec ont été distribués en grande majorité aux marchés internationaux.
Source : MAPAQ, 2022

Les transformateurs veulent acheter et revendre aux meilleurs prix.

Ils doivent aussi écouler les volumes dans les meilleurs délais, tout en respectant des normes strictes de qualité internationale.

Puisque l’exportation est pratiquée depuis l’époque de la Nouvelle-France, les transformateurs de produits marins sont habitués à revendre de gros volumes à bon prix, à quelques acheteurs internationaux.

Car, oui, ces derniers prisent souvent davantage nos produits et sont prêts à payer plus cher pour obtenir cette qualité.

C’est certainement plus facile et rentable de gérer quelques gros acheteurs plutôt que plusieurs petits.

Avec des négociations faites d’avance, lors de foires commerciales mondiales, il reste peu de place aux petits achats spontanés pour les menus du jour des restaurants locaux.

Les distributeurs et le commerce au détail

Les distributeurs achètent leurs produits aux usines de transformation pour les revendre ensuite aux différents commerces: restaurants, épiceries, poissonneries, institutions.

Du côté du commerce au détail, trois grandes entreprises, à savoir Loblaw, Metro et Sobeys, dominent le marché. À elles trois, elles fournissent plus de la moitié de l’offre alimentaire du Québec.

Autant dire qu’elles déterminent les règles pour l’industrie et les produits qui se retrouvent sur les tablettes.

Par contre, ils ont l’avantage d’acheter à gros volume et peuvent contrecarrer l’exportation. De plus, ils permettent de démocratiser l’accès au grand réseau de consommateurs.

Répartition des ventes alimentaires au détail au Québec (2021)

Graphique circulaire. Restauration non commerciale (institutions, hébergements, autres) : 6 %, restauration commerciale : 27 %, magasins d’alimentation traditionnels : 67 %.

Parts de marché concernant les ventes de produits d’épicerie (2021)

Diagramme en barre. Loblaw (Provigo, Maxi, Pharmaprix) : 20,7 %, Sobeys (IGA, Bonichoix, Marché tradition, Rachelle-Bery) : 19,3 %, Métro (Métri, Super C, Adonis, Jean Coutu) : 19,1 %, Clubs-entrepôts (Costco) : 15,5 %, Grandes surfaces, supercentres (Walmart) : 10,5 %
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Les produits alimentaires arrivent jusqu’aux consommateurs majoritairement par les commerces de détail, incluant les supermarchés, dépanneurs et magasins spécialisés.
Source : MAPAQ, 2022

Le transport

Au-delà de ces intermédiaires, parfois bien nombreux, la logistique apporte aussi son lot de défis.

Les régions maritimes du Québec peuvent sembler encore plus éloignées des grands centres lorsqu’il s’agit du transport des produits frais du Saint-Laurent.

Si la route des exportations est bien tracée, celle de la distribution locale n’en est qu’à ses prémisses. Elle demande plus d’efforts et d’engagements.

Pas si loin tout de même

Du côté des grands distributeurs, des initiatives commencent à voir le jour pour mettre plus de produits locaux en avant dans leurs rayons.

Metro

En 2022, Metro a commencé la certification Fourchette bleue de ses établissements, d’abord en région. En 2024, 198 supermarchés Metro commencent à proposer des espèces de la liste Fourchette bleue, augmentant ainsi considérablement l’accessibilité de ceux-ci.

Photographie d'un étale avec des filets et darnes de poissons au milieu duquel se trouve un picot "Fourchette bleue".
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Les consommateurs peuvent désormais trouver les produits marins figurant sur la liste Fourchette bleue dans les épiceries Metro.
Crédit : Exploramer

Photographie d'un étal en bois dans une poissonnerie avec écrit "Gaspésie" et "Fruits de mer du Québec" dessus.
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L’entreprise « Fruits de mer du Québec » dispose de congélateurs bien identifiés dans les épiceries du groupe Sobeys, rendant ces produits locaux facilement repérables pour le consommateur.
Crédit : Exploramer

Sobeys

Sobeys vend et met en avant des produits marins de la Gaspésie dans ses magasins, grâce à l’identification de l’entreprise « Fruits de mer du Québec ».

Du côté des plus petits

Bien qu’ils détiennent une importante part de marché, les grands commerces ne sont pas les seuls endroits où retrouver des produits du Saint-Laurent.

Les poissonneries sont un bon lieu pour s’approvisionner. Ce type de commerce spécialisé permet une proximité entre l’industrie et le consommateur.

C’est le lieu parfait où trouver les produits marins du coin, accompagnés de bons conseils. Beaucoup de transformateurs, souvent situés près des quais, ont d’ailleurs une poissonnerie à même leurs installations.

Et puis, d’autres initiatives prennent place pour faciliter la distribution des produits locaux, incluant ceux du Saint-Laurent, dans tout le Québec.

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Qu’est-ce que La Gamme Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine? Quel est leur rôle dans l’acheminement des produits québécois à travers le Québec et quels sont les défis?
Rayna Desgagné nous présente l’organisme dont elle est directrice.

Informations

Durée de la vidéo : 2 minutes et 40 secondes

Lieu et date de tournage : Salon Fourchette bleue 2023

Extrait d’entrevues réalisées par : Maylis Persoons, muséologue à Exploramer

Vidéaste et monteur : Guillaume Lévesque, Les productions de la Morue Salée

Personne interviewée :

  • Rayna Desgagné, La Gamme Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine

Crédit : Exploramer, 2024

Transcription

[Musique de fond, plan sur une salle de congrès pleine d’individus suivi de quelques plans rapprochés de participants et sur Rayna Desgagné.]

Rayna Desgagné : Donc, je m’appelle Rayna Desgagné. Je suis directrice au développement pour La Gamme Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, qui est un distributeur alimentaire.

[Plan sur Rayna qui parle.]

La Gamme existe depuis 2018. Par contre, nous, on achemine les beaux produits de niche de nos producteurs-transformateurs vers les grands centres. Donc là, en ce moment, c’est Québec, Montréal, les Laurentides. Peut-être, on va s’ouvrir à de nouveaux territoires éventuellement. Donc ça fait partie des projets. On a plusieurs, aussi, catégories de produits.

[Plans successifs sur une assiette de produits marins, une photo d’un plongeur semi-immergé dans la glace, le logo Océan de saveurs Gaspésie, des sachets d’algues et des pots, une affiche Loups-marins avec un phoque, des assiettes de saucisses découpées avec cure-dent plantés, des pots de pesto et finalement, une brochure « Pétoncle de la Basse-Côte-Nord ».]

Oui, on a du poisson, on a aussi des fruits de mer, mais on a également des confitures, on a de l’huile, on a du loup marin. Donc vraiment, en ce moment, on compte 25 membres transformateurs, producteurs-transformateurs à La Gamme. Il y avait vraiment une forte demande, aussi. Puis c’est pas juste pour le tourisme non plus régional.

[Retour sur Rayna, musique s’arrête.]

Mais il y avait vraiment une forte demande. À toutes les fois, les gens demandaient « Où est-ce qu’on peut retrouver vos produits en ville ? », tout ça. Tu sais, c’est des souvenirs de vacances aussi, puis des histoires. Donc, il y avait une forte demande au niveau de la restauration aussi. Donc, c’est vraiment pour ça qu’on a mis ça en place. Donc… Puis, ça continue. La demande continue. Puis, donc, ça va assurer la pérennité aussi de notre organisation, heureusement.

[Musique reprend, plan sur des bateaux amarrés à quai dans la brume puis sur quatre personnes sur une plage embrumée.]

C’est pratiquement de l’exportation rendu là. Parce que bon, les Îles, c’est quand même pas à côté.

[Plan sur une côte et des habitations puis sur un phare en bord de côte.]

Donc oui, c’est un défi vraiment au niveau du transport.

[Retour sur Rayna, musique s’arrête.]

Donc on a principalement le conditionnement congelé, surgelé, frais et sec.

[Plan sur des huîtres suivi d’un plan rapproché sur une boîte en bois contenant des huîtres, musique reprend.]

Mais par contre, on a rentré les huîtres cette année, donc, à notre catalogue.

[Plan sur un espace de ventes et des clients devant les présentoirs.]

Là on a fait des beaux espaces gourmands, aussi, en ville. Vraiment, c’est une superbe réussite.

[Retour sur Rayna, musique s’arrête.]

Donc, on est capable de retrouver en un seul endroit vraiment tous les produits de nos membres producteurs-transformateurs dans l’épicerie. Donc, ça ne se retrouve pas tout partout dans les départements. Donc, il y a vraiment comme un effet « wow » de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine. Donc, c’est vendeur. Mais en plus, on peut les retrouver tout au même endroit, donc c’est facilitant aussi pour le consommateur, mais aussi pour le représentant lorsqu’il va développer dans le magasin.

[Musique reprend, plans successifs de divers produits marins emballés, en pot et sur des sachets d’algues puis retour sur Rayna.]

C’est certain que les produits locaux, actuellement, sont très prisés. Autant des chefs que du secteur de détail. Je pense que les consommateurs sont beaucoup plus conscients, en ce moment, donc tant mieux. [Rire]

Oui !

[Logo Exploramer.]

[Musique de fond s’arrête.]

L’importance du local

Lorsqu’un territoire est capable de produire lui-même ce dont il a besoin pour nourrir sa population et qu’il ne dépend plus des importations, cela s’appelle l’autonomie alimentaire.

Au Québec, pouvoir se nourrir de nos propres ressources marines, c’est aussi la garantie d’avoir des aliments de qualité, produits selon une certaine éthique, que ce soit en matière de normes de travail ou de la conservation des écosystèmes.

Subvenir à ses propres besoins en produits marins: un idéal utopique? Un peu.

Même si nous mangions tout ce que nous pêchons et produisons, il faudrait encore faire appel aux importations pour répondre à la demande québécoise. Cela n’empêche que le Québec a un peu de marge pour s’améliorer sur le plan de l’autonomie alimentaire des poissons et fruits de mer.

Jauge de 0 % à 100% avec deux flèches indiquant deux niveaux.
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Au Québec, le taux d’autosuffisance possible en poissons et fruits de mer est de 20 % à 35 %.
Trois cercles s'entrecroisent : Stabilité, identité, fierté. Au croisement : produit local.
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Un produit local participe à la stabilité économique en plus de faire partie de l’identité culinaire de la région. Il peut devenir une source de fierté pour les habitants.

De quoi être fier.

Depuis bien longtemps, la situation est déséquilibrée en faveur des importations et des exportations. Or, augmenter la proportion de produits pêchés, produits et mangés localement donnerait une meilleure stabilité face aux aléas des marchés internationaux, en plus de renforcer l’identité culinaire et de développer la fierté des Québécoises et Québécois envers LEURS produits.

Au Québec, la possibilité et les ressources existent pour remplacer certains produits importés par des produits locaux, notamment grâce aux espèces moins connues. La bouée est dans notre camp.

Le potentiel d’un plus grand équilibre est présent. Est-ce que le consommateur est prêt pour ce changement?

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