[Musique de fond.]
[Vue sur un bord de mer, puis sur un phoque sur un rocher, sur une bâtisse avec un drapeau au vent en premier-plan, sur un homme assis dans une salle remplie de monde et finalement sur Réjean Vigneau qui parle.]
Réjean Vigneau : Le cuir un des meilleurs cuirs au monde, par son étanchéité…
Réjean Vigneau, je suis madelinot, pas d’adoption de naissance. Je chasse au loup-marin depuis l’âge de 16 ans.
[Plan sur Réjean Vigneau, qui parle à une assemblée puis sur un homme qui prend une photo d’un hakapik.]
Chez nous, on chasse de père en fils et ça a toujours été fait comme ça. On se le cache pas que plus il va y avoir de chasseurs, plus ça va être reconnu, plus que, chaque chasseur va devenir un ambassadeur. Parce que c’était pas un dossier qui est difficile à défendre, aussi fou que ça puisse paraître, la chasse au phoque.
[Musique de fond s’arrête, retour sur Réjean qui parle à la caméra.]
C’est tellement simple à parler. On n’a rien à cacher. On a juste à expliquer. Puis ça coule comme du beurre dans la poêle. Puis souvent le monde nous dit toujours la même chose : « C’est tu aussi simple que ça ? » Je dis oui. Ça demande juste un courage politique pour régler tout ça. Puis, malheureusement, c’est pas populaire dans le temps, depuis 40 ans.
[Musique de fond reprend, plans successifs sur des anciennes photographies : une personne prend un phoque en photo, un phoque la tête hors de l’eau, un skidoo qui traine une chaloupe sur la glace, un phoque sur la glace.]
Gil Thériault : Est-ce que j’ai vu de l’évolution? Pour être franc, pas énormément.
[Plan sur Gil Thériault, assis en extérieur, musique de fond s’arrête.]
Parce que c’est un dossier qui est hyper politisé depuis les années 60, environ. Et puis… Cet aspect-là n’a pas beaucoup changé malheureusement.
[Plan sur Réjean Vigneau montrant à une assemblée comment découper de la viande puis sur un tannage de peau.]
On a fait des petits pas. C’est vraiment pas des pas de géants. Mais grâce, justement, entre autres, à ce que Réjean Vigneau a fait avec la viande, ça, il y a quand même eu une avancée importante là-dessus. Mais malheureusement, la viande c’est qu’un aspect du phoque.
[Retour sur Gil.]
C’est qu’un produit du phoque. Puis si on isole ce produit-là, en fait, ça devient très difficile de justifier au niveau économique de faire des sorties de chasses qui sont quand même assez coûteuses.
[Plan sur des phoques, posés sur des rochers.]
Donc, on a fait des avancées oui. Mais malheureusement, on s’est fait mettre des bâtons dans les roues et on s’en fait mettre de façon quotidienne dans ce dossier-là.
[Musique de fond reprend, plan sur une découpe de viande.]
Sandra Gauthier : La barrière, c’est la législation qui entoure la chasse, la législation qui entoure la transformation puis la commercialisation.
[Plan sur Sandra Gauthier dans une salle remplie de monde, musique de fond s’arrête, plan sur Sandra qui parle.]
Tu sais, notre phoque, quand il est dans l’eau, il est canadien. Il est géré par des lois canadiennes. Dès qu’il sort de l’eau, il devient québécois. Il est géré par des lois du Québec. Donc, dans l’eau il est un poisson, sur terre il est une viande.
[Vue sous-marine d’un phoque qui nage entre les algues et les rochers.]
Donc, on vient complexifier. Puis c’est pas le seul produit comme ça, les algues c’est la même chose. Les algues dans l’eau sont des poissons, puis sur terre, elles sont des légumes. Donc, on vient augmenter le nombre de règles et de lois.
[Retour sur Sandra.]
Puis les barrières pour moi, c’est tout ce qui nous limite dans l’explosion de ce grand chantier-là.
[Plan sur des gens qui goûtent de la viande puis sur les mains d’un chef qui montrent comment mettre de la viande sur une brochette, à une assemblée.]
Yannick Ouellet : Le phoque, je pense, c’est le champion des fausses croyances où est ce qu’il peut y avoir toutes sortes de choses autour. Moi, mon plaisir aussi, c’est de démystifier ça.
[Plan sur Yannick Ouellet embrochant de la viande sur une brochette, face à une assemblée.]
Entre mes morceaux-là… Fais que quand je vais la descendre…
Donc, cette viande-là, on la mérite.
[Plan sur Yannick qui parle.]
Parce que quand tu l’as abattu puis que tu l’as dans ton assiette, c’est parce que tu as travaillé fort. Tu as respecté des règles. Beaucoup plus que la moyenne des chasseurs. Donc, il faut la respecter. Le produit il est là.
[Musique de fond reprend, plan rapproché sur une découpe de viande cuite puis sur trois phoques sur une banquise, vus du dessus.]
Réjean : La beauté de cette viande-là, c’est qu’on développe un marché, c’est « flyé » ce que je vais te dire là, avec les pieds sur les « breaks ». Par son arrivage qui n’est pas facile.
[Retour sur Réjean qui parle, musique de fond s’arrête.]
C’est pas une poule, c’est pas un veau. C’est pas une poule que tu dis « Parfait, j’ai 3 coups de téléphone à faire, il y en a un qui va décoller avec un poulailler de 5000 poules, puis il y en a un qui va décoller avec autre poulailler de 4000 ». On n’est pas là. On est dans le milieu sauvage où ce que c’est qu’il faut aller récolter la bête d’un milieu sauvage. C’est compliqué. C’est vraiment à nous à donner un coup de collier, intelligemment, Parce que c’est pas en ouvrant « at large ». Parce qu’on sait que l’être humain est capable de faire tellement de conneries dans la première avant-midi que on peut pas le laisser faire. Ça lui prend de l’encadrement. Même si on n’aime pas ça, on est obligé d’en avoir.
[Musique de fond reprend, plan sur un phoque, sur un rocher au milieu de l’eau, une plage en arrière-plan.]
Gil : Ces gens-là, c’est les gens qui à nouveau sont la base de la société.
[Retour sur Gil.]
Je veux dire, la nourriture, c’est la base. Tu ne peux pas avoir plus… Un métier plus de base que ça. Puis, je regarde ça quand même, j’étudie ce dossier-là depuis, c’est ça, plus d’une quinzaine d’années.
[Musique de fond s’arrête.]
Puis je trouve que ces gens-là font du très beau travail. C’est des gens qui sont consciencieux. Des gens qui… Que j’ai accompagné à la chasse, que j’ai vu chasser. Puis qui prenait plaisir à tuer ? Il n’y a pas 1 % des chasseurs que j’ai rencontrés qui prenaient plaisir à chasser. Par contre, ce lien-là que ça crée avec la nature… Le lien proie-prédateur, assumé par l’Homme, parce qu’on l’est, on est le prédateur suprême là. Et tout le lien, la communion avec la nature, ça, ça me fascine. Puis ça impose le respect, selon moi.
[Musique de fond reprend brièvement, plan sur des phoques, sur des rochers au milieu de l’eau puis sur des personnes discutant entre elles dans une salle et sur Réjean qui explique quelque chose à une des personnes.]
Moi, je regarde ça, les nouveaux détenteurs de permis, c’est toute une génération que, je dirais, la raison principale pourquoi ils veulent apprendre à chasser et aller chasser c’est parce que, et de un, ils ne veulent pas consommer des animaux qui ont été maltraités, si on veut, dans l’industrie à grand volume.
[Plan sur des phoques nageant à la surface de l’eau.]
Donc un phoque, ils savent que, ils vont sur la banquise. C’est la mort instantanée. Il n’a pas été enfermé. Il n’a pas souffert. C’est une viande sans hormones, sans antibiotiques. Donc, ils savent qu’est-ce qu’ils mangent.
[Musique de fond reprend, plan sur des brochettes de viandes cuites dans une poêle puis sur Éric Archambault avec un tablier, circulant entre des personnes assises.]
Éric Archambault : J’ai hâte de voir dans quelques années où on va être rendus avec ça. Mais je veux faire partie un peu du mouvement qui est derrière ça.
[Plan sur Éric qui parle.]
Je sais qu’il y en a que ça fait des années qu’ils se battent. Monsieur Réjean, il est… La cause elle est noble. On s’entend là. Le personnage est exceptionnel mais la cause pour laquelle, on peut tu dire qu’il se bat ? Elle est vraiment noble.
[Plan sur Éric qui cuisine puis sur Enoch Sbrega, assis à une table.]
Enoch Sbrega : Moi, je suis consommateur de viande.
[Plan sur Enoch qui parle.]
Et le phoque, si je suis capable d’aller le récolter, le dépecer et l’amener à mon assiette à moi, je trouve que ça boucle le cercle de la vie, dans le fond.
[Plan sur Enoch et Réjean goûtant de la viande.]
Mais je pense que un être humain doit, à quelque part, savoir d’où vient ses aliments.
[Plan sur de la viande cuit dans une poêle.]
Yannick : Le consommateur, son rôle le plus important, premièrement, c’est de s’informer.
[Plan sur Yannick qui cuisine devant une assemblée.]
Puis, deuxièmement, de demander.
[Retour sur Yannick qui parle à la caméra.]
C’est l’offre ou la demande. Ça a toujours été la même chose. C’est comme ça en politique. C’est comme ça dans tous les développements, peu importe la ressource, c’est toujours la même chose.
[Plan sur Yannick, parlant à une assemblée.]
C’est le consommateur qui a le dernier mot. Mais à condition qu’on le rende disponible, accessible, puis qu’on démocratise ça.
[Musique de fond reprend, vue sur une multitude de phoques sur la banquise, vus du dessus qui avance.]
Gil : Informez-vous, informez-vous sur ce dossier-là, c’est un dossier où il y a eu beaucoup, beaucoup de désinformation. Puis, de ne pas être maniaque, de tuer des animaux, croyez-moi, je peux comprendre ça. Je suis tout à fait dans ce… J’adore les animaux. J’ai toujours eu des animaux de compagnie. Je suis quelqu’un qui est très branché sur la nature. Mais il y a quand même tout un questionnement à se faire là-dedans. À savoir, qu’est-ce que… C’est quoi la meilleure façon de nourrir l’humanité ? Puis parmi celles-là, informez-vous.
[Retour sur Gil qui parle.]
Puis vous allez voir que la chasse au phoque ça en fait partie. Parce que si on veut faire du bien à la planète, ultimement, selon moi ce que j’ai fait comme recherche, ça revient toujours aux mêmes choses. C’est de consommer moins, de consommer mieux puis de consommer localement. Si quelqu’un est capable de me convaincre que je suis à côté de la plaque là-dessus, amenez-vous-en, parce que j’ai quand même étoffé mon dossier. Puis la chasse aux phoques, c’est tout ça.
[Plan sur Martin Mallet assis avec des gens autour puis sur Martin qui parle.]
Martin Mallet : Je trouve que, avec ce qu’on a là comme qualité, c’est triste que depuis des décennies, on n’offre pas ça sur nos assiettes à travers le Québec, mais aussi à travers le reste des provinces maritimes.
[Plan sur un phoque, sur un rocher au milieu de l’eau.]
Il est temps que ça change.
[Rire.]
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[Musique de fond s’arrête.]