Les activités humaines et le rythme de la nature doivent s’accorder pour fonctionner de manière durable.
L’équilibre entre la pêche et le renouvellement de l’espèce est fragile, complexe et en mouvement. Il demande un ajustement perpétuel.
Les activités humaines et le rythme de la nature doivent s’accorder pour fonctionner de manière durable.
L’équilibre entre la pêche et le renouvellement de l’espèce est fragile, complexe et en mouvement. Il demande un ajustement perpétuel.
Durée de la vidéo : 2 minutes et 37 secondes
Date de réalisation : 2024
Animation réalisée par : Simbioz
Crédit : Exploramer, 2024
Vidéo animée qui explique comment chaque personne ou organisme intervient pour tenter d’avoir une gestion responsable des ressources halieutiques.
[Musique commence.]
[Titre « Une saine gestion des ressources halieutiques » s’affiche avec un globe terrestre en arrière-plan.]
[Zoom sur le Saint-Laurent et vue sous-marine avec plusieurs espèces dans l’eau.]
Voix d’homme : Le Saint-Laurent, source de vie, de nourriture, d’approvisionnement.
[Vue de la surface en coupe, un poisson se fait pêcher depuis une barque et un homard depuis la berge.]
Depuis bien longtemps, le Saint-Laurent procure aux nations autochtones des ressources indispensables à leur survie.
[Retour sur la vue sous-marine. Les bancs de poissons se font prendre dans des filets.]
Avec l’arrivée des européens, les pêcheries commerciales se développent et les quantités pêchées augmentent. Les ressources semblent inépuisables. Inévitablement, certaines espèces voit leur biomasse diminuer drastiquement.
[Une morue tenant un panneau rouge avec deux points d’exclamation apparait.]
Pour ne pas commettre la même erreur, il est primordial de revenir d’avoir à une saine gestion de nos ressources.
En théorie, c’est plutôt simple.
[Apparition d’une balance, avec d’un côté des poissons et de l’autre un pêcheur.]
Pour conserver l’équilibre dans l’écosystème et être capable de répondre aux besoins actuels et futurs de notre société, ce qui est prélevé ne doit pas dépasser la capacité d’une espèce à se reproduire. D’un côté, il y a la pêche, source économique et alimentaire.
[Le pêcheur lance sa canne à pêche de l’autre côté pour puiser des poissons.]
De l’autre, la biodiversité marine, avec toute sa richesse et sa fragilité.
Avoir une saine gestion des ressources halieutiques, c’est veiller à l’équilibre des deux.
Dans la pratique… C’est un peu plus complexe. Différents facteurs peuvent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
[Une bulle avec un poisson et des flèches en cercle autour se pose au milieu de la balance et éclate.]
La biologie de l’espèce, son cycle de vie, sa rapidité à se reproduire;
[Une bulle avec trois poissons qui se mangent se pose au milieu de la balance et éclate.]
Les menaces naturelles comme la prédation;
[Une bulle avec un thermomètre se pose au milieu de la balance et éclate.]
Les changements climatiques;
[Une bulle avec un symbole $ se pose au milieu de la balance et éclate.]
Le marché donc l’offre et la demande;
[Une bulle avec un papier à l’intérieur se pose au milieu de la balance et éclate.]
Les pêches et leurs règlementations.
[La balance vacille.]
On s’entend, la théorie est toujours plus facile que la pratique. Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’il s’agit d’un travail collectif.
[Plusieurs bulles s’accumulent au milieu de la balance, une avec un ingénieur à l’intérieur, un pêcheur, un bâtiment, puis un kiosque.]
Les ingénieurs trouvent de nouvelles manières d’améliorer les engins de pêche et leur sélectivité.
Les pêcheurs adaptent leurs pratiques.
Les gouvernements veillent à instaurer des règlementations les plus justes et efficaces possibles, en fonctions des connaissances disponibles.
Les commerçants participent à la valorisation d’espèces méconnues, dont la biomasse est suffisante.
[Vue sur une dame avec un panier d’épicerie et écriture de la question.]
Et nous, les consommateurs?
[Zoom arrière sur la carte du Québec avec des consommateurs qui apparaissent un peu partout.]
Nous pouvons contribuer à ce grand défi commun en demandant, achetant et consommant ces espèces méconnues et sous-valorisées. La pression sur les autres espèces s’en verra diminuer et vous favoriserez nous favoriserons les produits et le savoir-faire local locaux.
[Zoom arrière et retour sur le globe terrestre. Une nageoire tape dans une main.]
Alors, prêt à mettre la nageoire à la roue?
[Une réalisation de Logo Exploramer, production vidéographique, Logo Simbioz.]
[Musique s’arrête.]
Avoir une saine gestion des ressources marines, c’est d’abord minimiser les prises accidentelles.
Les prises accidentelles, ou accessoires, sont les espèces pêchées alors qu’elles n’étaient pas ciblées par le pêcheur.
Pour les éviter, règlementations et innovations vont de pair.
Les restrictions sur les engins, la taille des mailles ou celle des hameçons, les fermetures temporaires de zones de pêche ou encore les quotas sont des règlementations favorisant la diminution des prises accessoires.
L’innovation, quant à elle, permet d’améliorer les engins de pêche et leur sélectivité.
Si le premier objectif est d’éviter les prises accessoires, le deuxième serait de ne pas jeter ce qui a déjà été pêché.
Même si les règlementations et les types d’engins réussissent à limiter les prises accidentelles, voire dans certains cas à les éviter complètement, ce n’est pas toujours infaillible.
Qu’advient-il de ces prises?
Selon les règlementations et les permis de pêche, certaines prises sont ramenées à quai, d’autres sont remises à l’eau. Or, une fois sorti de l’eau, un poisson vit rarement longtemps. De plus, certains engins limitent leur survie, comme le filet maillant dans lequel les poissons meurent asphyxiés.
Dans ce cas, même si ces espèces ne faisaient pas partie de celles visées initialement, ne pourrions-nous pas les utiliser pour notre consommation?
Valoriser ces prises en les commercialisant pourrait éviter leur mort inutile en plus d’augmenter la diversification de la pêche et des espèces offertes sur le marché.
Comment valoriser sans pour autant encourager?
Dans un monde idéal, ces prises accidentelles seraient évitées à 100 %. De façon réaliste, elles existent et restent difficile à contrôler. L’éthique de chacun est alors engagée pour ne pas les encourager, mais s’il y a prises accessoires, il faut veiller à les utiliser à bon escient.
Au fil du temps, le secteur halieutique a dû faire face à plusieurs défis.
Pour les surmonter et atteindre une pratique plus responsable, certaines règles et lois ont été mises en place et sont continuellement révisées.
Voici un petit tour historique pour mieux comprendre comment sont régies les pêches commerciales au Québec.
Années 1950
L’humain prend conscience que la ressource marine n’est pas inépuisable.
C’est le début des mesures de gestion des pêches. En 1973, pour la première fois, des quotas de pêche commerciale sont imposés par le gouvernement fédéral.
De nos jours, deux méthodes existent pour contrôler les pêches.
1977
Les pays externes, sauf exception, ne peuvent plus pêcher dans l’estuaire ou le golfe du Saint-Laurent.
Depuis cette interdiction, les eaux canadiennes ont été divisées en plusieurs zones de pêche par le MPO et par l’OPANO. Ce dernier intervient lorsque plusieurs pays pêchent dans le même banc de poissons. Eh oui, les poissons, ça nage, ça migre et ça se déplace sur différents territoires. Il faut donc s’organiser ensemble.
Quant au Saint-Laurent, son découpage diffère selon l’espèce. Chaque zone a ses propres règles (saison, quota, nombre de permis, etc.). Le nombre de pêcheurs par zone peut, de ce fait, être contrôlé et la surexploitation, évitée.
Des Européens à la table
L’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) est une organisation de gestion des pêches fondée au Canada en 1979 et dont font notamment partie le Canada, les États-Unis, le Danemark et la France.
Mais qu’est-ce que viennent faire le Danemark et la France dans l’Atlantique Nord-Ouest? Eh bien, dans cette région se trouvent le Groenland, un territoire de la couronne danoise, et Saint-Pierre-et-Miquelon, un archipel français. Voilà donc pourquoi ces pays européens participent à la gestion de cette partie d’océan.
1985
Mise en place de la Loi sur les pêches.
Cette loi a été mise en place pour veiller à la bonne gestion des pêches, pour conserver et protéger le poisson et son habitat. L’établissement des règles et des quotas doit donc respecter ces notions prévues par la loi.
Quatre principes sont suivis, par ordre d’importance, lorsqu’un TAC est établi:
1992
Le gouvernement décrète le premier moratoire sur la pêche à la morue et aux autres poissons de fond.
C’est la fin tragique d’une pêche de plusieurs siècles et de l’activité de près de 35 000 pêcheurs et employés d’usine. Cette blessure encore ouverte rappelle l’importance de la règlementation.
Désormais, une approche de précaution est préconisée. Pour trouver le meilleur compromis entre conservation et réalités socioéconomiques, plusieurs experts interviennent dans le processus de décision : scientifiques, pêcheurs, politiciens, consultants.
Au-delà de nos efforts, des facteurs extérieurs, indépendants de notre contrôle, peuvent également influencer la biomasse de la ressource, ce qui complexifie davantage la prise de décision.
Illustration d’un cycle en cercle. Les saisons sont représentés par des icônes :
Étapes successives entre la saison de pêche (automne) et l’approbation du Ministre (printemps) : examen d’après saison, relevés et relevés d’après saison, évaluation du stock, examen scientifique, rapport sur l’état des stocks, processus consultatifs, recommandations.
Étapes entre l’approbation du Ministre à la saison de pêche : communication des décisions, élaboration des plans de pêche, diffusions des plans de gestion, services de surveillance, définition des conditions de permis, ouverture, conformité.
Au milieu du cycle : Loi constitutionnelle 1982, droit des autochtones, lois et règlements sur les pêches, jurisprudence avec Sparrow, Marshall et Taku-Haïda/Mikisew.
1999
Les droits ancestraux des Mi’gmaq, des Wolastoqiyik et des Peskotomuhkati sont reconnus dans l’affaire Marshall.
En 1993, Donald Marshall fils, Mi’gmaq de la Nouvelle-Écosse, pêche sans permis, hors de la saison officielle, avec un engin non règlementaire. Il vend le fruit de cette pêche, 210 kg d’anguilles, sans respecter la Loi sur les pêches. Il est reconnu coupable par la Cour d’appel.
En 1999, la Cour suprême annule ces condamnations en vertu des traités de paix et d’amitié de 1760-1761 qui autorisent les communautés autochtones à « troquer » (ou vendre) leur pêche pour pouvoir subvenir à leurs besoins.
Ainsi, les communautés autochtones disposent d’un droit et d’un permis de pêche.
De plus, les pêcheurs autochtones, au même titre et sous la même règlementation que les pêcheurs allochtones, peuvent aussi avoir des permis de pêche commerciaux. Ceux-ci sont réservés aux pêcheurs professionnels et indiquent les conditions de pêche pour les espèces mentionnées sur le permis.
Graphique circulaire de gauche : 2709 détenteurs de permis allochtones, 100 détenteurs autochtones.
Un autre graphique circulaire à droite montre la répartition de la pêche autochtone entre les Mi’gmaqs, innus et Wolastoqey :
D’autres permis, accessibles à tous, existent également selon la pratique:
2003
La Loi sur les espèces en péril (LEP) est adoptée, dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique.
Cette loi a pour objectif de protéger les espèces en danger pour éviter leur disparition. De plus, le COSEPAC émet également des évaluations sur les espèces depuis 1978 et peut leur attribuer un statut: préoccupant, menacé ou en voie de disparition.
Lorsqu’une espèce est inscrite sur la liste de la Loi des espèces en péril, comme la baleine noire, des mesures de protection sont mises en place. Les statuts COSEPAC peuvent également intervenir dans la règlementation des pêches.
2023
Les débarquements du début de saison de la pêche au homard atteignent des chiffres record.
Depuis quelques années, les pêcheurs de homard ont pris eux-mêmes les choses en main pour garantir la pérennité et la rentabilité de leur activité: augmentation progressive de la taille minimale du homard pêché, réduction du nombre de permis, marquage des gros géniteurs pour les remettre à l’eau, etc.
Aujourd’hui, leurs efforts paient.
2024
Les biomasses de plusieurs espèces s’effondrent. Des pêches se voient réduites ou fermées.
En 2024, la concrétisation de plusieurs défis pour le monde de la pêche voit le jour. Réchauffement des eaux, diminution du taux d’oxygène dissous dans le Saint-Laurent…
Dans ces conditions, certaines espèces sont perdantes, d’autres gagnantes.
Pour assurer la pérennité de la pêche et de la biodiversité, il est nécessaire de s’adapter à ces réalités, d’adapter nos pêches et nos pratiques à de nouvelles espèces, d’adapter notre consommation à ces changements.
Le monde de la pêche est rempli d’événements marquants qui nous permettent de nous ajuster. Apprenons de nos erreurs, surfons sur nos réussites et tâchons de toujours améliorer notre gestion des ressources.
Pour honorer une espèce, il est préférable de l’utiliser à son plein potentiel. Outre les manger, connais-tu les nombreuses possibilités que nous offrent poissons, phoques, algues et crustacés?
© 2025 De l’eau à la bouche